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A l’aune de la création de systèmes d’objets autonomes,

je vois ma pratique de designer comme celle d’un phénoménologue se penchant sur des écosystèmes anthropiques existants, essayant de déceler une part psychologique de l’objet, au-delà de leur instrumentalité

qui, je pense, a le mérite d’être questionnée comme l’élément fort constituant nos environnements de vie.

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Ainsi, mes différents axes de recherches questionnent les tensions et marques psychologiques dans notre cohabitation avec l’objet présent, au sein de nos « sphères » intimes, pour reprendre les termes du philosophe Peter Sloterdjik, afin de réfléchir à la conception même d’une future cohabitation harmonieuse et équilibrée entre les objets et les hommes.

POSITIONNEMENT . PRATIQUE .

Formé au design dans l’environnement pluridisciplinaire des écoles d’arts et sous l’influence d’un héritage plutôt moderniste, j’ai rapidement souhaité remettre en question les fondements de ma propre discipline.

 

Cette « attitude » n’est pas nouvelle, mais a, au contraire, une histoire, qui longe la frontière entre art et design et dont je me suis alors permis de me rattacher. J’ai étudié tout particulièrement quatre moments de l’histoire du design :

le Design Radical italien (à partir de 1967 – jusqu’à Alchimia et Memphis qui en constituent en quelques sortes une forme d’épilogue), le design conceptuel néerlandais des années 1990 et le Critical Design anglais des années 2000 emmenés par le duo de designers Anthony Dunne &Fiona Raby.

Enfin, mon étude se densifie dans des pratiques plus contemporaines, semblant s’ancrer dans cette grande partition, allant de l’univers fictionnel de Noam Toran à des productions plus scientifiques à l’instar du duo Cohen & Van Balen. Je me suis donc rapproché d’un champ particulier de création, d’un design comme un outil d’orientation dans l’élaboration de nouvelles situations sociales et politiques configurées par des productions. Un design dont l’objectif est d’abord de «choquer ou provoquer » pour ensuite amener aux débats.

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Outre le fait de poser le design et l’architecture comme des outils critiques et poétiques, ces mouvements m’ont montré l’intérêt que peuvent avoir des designers et architectes à pratiquer sur des terrains qui relèvent plus de la tradition artistique ou scientifique.

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Ainsi, le long de mon parcours, des études et des rencontres déterminantes avec des théoriciens, des designers, des artistes qui jouent avec les limites de leurs pratiques m’ont convaincu de l’intérêt d’un décloisonnement des catégories artistiques et d’une ouverture à d’autres champs de pratiques et d’études, par exemple la Psychologie.

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Ici, la mise en place d’un travail de recherche personnellement viscéral et ancré dans le réel à travers différents échanges, hypothèses et expérimentations avec un groupe de personnes qualifiées dans des domaines spécifiques, m’a permis de comprendre que le statut de l’objet ne se place pas forcément comme une réponse et inversement, mais qu’une pratique de création englobe nombre d’éléments tout aussi importants pour la bonne compréhension d’un concept riche.

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J’affirme mon ancrage sur un terrain d'un design réflexif, spéculatif, qui ne veut pas proposer des solutions, mais plutôt poser des questions, qui veut défier les affirmations rapides, les préjugés et lieux communs sur le rôle des produits dans la vie de tous les jours. Donc un design qui

ne se veut pas affirmatif, c’est-à-dire soumis aux impératifs des systèmes de pouvoir, mais au contraire critique,

né d’une démarche d’hypothèse, de recherche et d’expérimentation, vivant au travers de dispositifs de médiations pour une rencontre efficace et "expériencielle" avec un public.

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Une forme de design au statut de médium, pouvant s’hybrider à d’autres disciplines, pour se distancier

de l’objet entendu sous sa forme purement fonctionnelle

et utilitaire, et aller vers la mise en forme d’idées, vers

une matérialisation au travers de l’activation d’objets

« para-fonctionnels » ( Jean Baudrillard, Le système des Objets, 1968 ) dans des scénarios fictionnels, qui deviennent des terrains d’expérimentations pour questionner nos pratiques,

nos conduites, ou nos comportements.

 

Je suis convaincu qu’il est ainsi possible de développer une démarche ouverte à différents terrains, des plus concrets aux plus symboliques, des plus artistiques aux plus scientifiques. 

maxime kerneis design signe
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